Magic System est un groupe ivoirien de musique . Asalfo, Goudé, Manadja et Tino, les quatre gamins de Marcory (un quartier qui était pas vraiment le Passy-Auteuil d’Abidjan !), avaient à peine formé leur groupe, un groupe Woyo comme on dit là-bas, un groupe vocal qui assurait l’ambiance durant les matchs de foot ou les mariages, qu’ils acceptèrent l’offre appétissante d’un sponsor : s’appeler cube Maggi System.
Ah, cube Maggi ! Le sacro-saint bouillon, fond de sauce incontournable pour tout plat africain qui se respecte. Il n’y a pas de pur hasard…
En effet, quelque dix ans plus tard, on se rend compte qu’Asalfo et sa bande, rebaptisés entre temps « Magic System », sont en train de s’imposer comme les maîtres dans l’art de « balancer la sauce », de préparer des breuvages musicaux dans le juste tempo de ce début de siècle.
Leur recette ? Simple mais efficace. Préparer d’abord un lit de sons du terroir, à base essentiellement de zouglou. Non, ce n’est pas un soft drink, plutôt un alcool fort. Un courant musical né sur les campus de Côte d’Ivoire dans les années 80, un rock’n rap tropicalisé, issu des révoltes étudiantes contre le gouvernement. La révolte se fera par la suite chronique sociale, comme le dit à sa manière Asalfo : « Depuis que l’on était des « petits » à Marcory, on a mis à nu les maux de la société en y ajoutant un brin d’humour. » Saupoudrez ensuite de nuchi, une sorte de verlan, magnifique réinterprétation locale du français. Puis ajoutez, selon les besoins, quelques pincées de R’n’B’, de rap, de ragga ou de raï. Servez show ! Recette indigeste pour certains ? Pas pour tous… Quel autre artiste africain s’est aussi durablement installé au sommet des charts français ? « On n’sait jamais », duo avec Leslie (2002), « Un gaou à Oran », duo avec le 113 et Mohamed Lamine (2004), « Bouger, bouger », duo avec Mokobé (2005), « C’Chô, ça brûle », duo avec Hakil, Bilal et Big Ali (2006). Raï n’ B’, R’n’B’-harissa, zouglou-rap-merguez… Qu’importe l’appellation. En quelques singles, qui ont été autant de tubes, Magic System a concocté un genre de maffé musical au beur, une fraternisation des sons comme en raffolent les jeunes Gaulois. Ki dit Mié ?
Dix ans donc que le groupe élabore petit à petit sa potion magic. Un premier album en 1997, « Papitou » : on teste les mélanges. Un deuxième opus en 1999 : la distillation du temps a fait son œuvre. Le cocktail prend forme, d’autant qu’il est rehaussé par un poivre fort appelé « Premier Gaou ». Un titre-tsunami qui ravage la France, un méga tube comme il n’en existe qu’un par décennie, en Afrique. On parle de plus de cinq milions de CDs et cassettes écoulées de Dakar à Kinshasa ! « Poisson d’Avril » (2001) et « Cessa Kié la Vérité » (2005) : on fait bouillir la marmite.
Dernière boisson préparée par le Magic, Ki dit Mié. Même recette (on ne change pas une formule qui swingue !), simplement allégée par un recours plus marqué à l’esprit zouglou. Autrement dit, roots (l’album a été en majeure partie enregistré à Abidjan) and dance (il a été mixé à Paris).
Et, une fois de plus, nos quatre compères font appel aux « marmitons » qui savent remuer le shaker à sons. Sous la férule d’Olivier Blé, le producteur qui compte à Abidjan (Espoir 2000, Les Garagistes…), quatre titres à consommer sans modération : «Taper Dos », considérations humoristiques sur les faux amis, beat « tranquille », nappé de contretemps efficaces; « Abou (Sagacité) », chanson mid-tempo et portrait doux-amer d’un jeune qui veut « faroter », frimer, à l’image de la Jet-Set (ces dandys un peu voyous qui fondèrent le coupé-décalé, la dance-music locale) ; le nostalgique « Rêve d’enfant » ; ou encore « Sinikeneya », reprise d’une composition de Daouda, chanteur ivoirien qui eut son heure de gloire dans les années 80. Autre dynamiteur local, David Tayoro, le producteur de « Premier Gaou » qui règne sur les studios d’Abidjan, et ses trois contributions : « Louanges », un de ces chants religieux dopés au swing joyeux africain, exercices incontournables pour toute graine de star qui veut tracer sa voix à la mode Magic ; « St-Valentin », conte humoristico-zougloutique sur l’infidélité amoureuse ; et « Kampala », inspiré d’un vieux chant Avikam.
Bien entendu, il y a aussi la cerise parisienne sur ce Martini sonore. A commencer par « Ki Dit Mié », concentré de swing sous la conduite du tandem en or, Kore et Bellek (Raï n’B’ Fever, Leslie, Amine), « vieux » compagnons de route du Magic. Un seul duo sur cette galette : le jouissif « On va samizé », avec Amine, le petit prince du raï n’ B’. Autre « marmiton », Akerahim (qui a mixé pour Rohff et Leslie). Il produit ici « Africa », un vibrant « Peace & Love » adressé à l’Afrique. Pour s’achever les reins, on recommande « Zouglou Dance », réalisé par les Bionix (Cheb Mami, Matt Pokora…).
Puis, ultime chanson, la surprise du chef : « T’endors pas ». De la pure variété dans la tradition des longues envolées lyriques à la française, une incantation au destin humain mitonnée par le groupe et Elio (Diam’s, Vitaa, Faf Larage…). Bref, de quoi, une nouvelle fois, se « gâter le coin » !
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